La grande-distri' est ta meilleure amie, la preuve
| #Onatousunroleajouer : le hashtag créé par Leclerc...Inspirant. |
Voilà.
Alors, on va peut-être me traiter d'anticapitaliste de bas-étage, mais moi, je me marre depuis le début de la crise Covid, en voyant défiler les campagnes gerbantes de la grande-distri, qui s'est auto-proclamée "ta meilleure amie" pendant cette période : prix bloqués sur des "dizaines de milliers de produits", paniers pré-composés avec livraison gratuite pour les vieux (chez Monop'), et "mesures de sécurité sanitaire" à foison.
❗Aurait-on oublié quand même, que le but ultime c'est simplement de te faire venir dans leur boutique plutôt que dans celle du voisin ??
Alors oui, on peut se "réjouir" que de manière générale, les prix dans la grande-distri n'aient pas spécialement augmenté pendant le confinement, (et même 60 millions de consommateurs le confirme!).
Par contre, leurs équipes Com' et Marketing n'ont pas chômé en télé-travail : elles ont rivalisé de discours émouvants, voire pseudo-engagés :
Par contre, leurs équipes Com' et Marketing n'ont pas chômé en télé-travail : elles ont rivalisé de discours émouvants, voire pseudo-engagés :
- Monoprix :"Nous sommes là afin de continuer à assurer votre approvisionnement alimentaire et vous faciliter la vie, en ce moment plus que jamais" (c'est marrant on dirait du ALLIAGE)
- Auchan :"Ensemble, soutenons les producteurs français, achetons 100% français !"
- Leclerc :" Aujourd'hui, plus que jamais, nous défendons votre pouvoir d'achat "! (Du coup ils passent à la prise de la Bastille ensuite ?)
"Un vent de LIBERTE, ou les incontournables pour réussir votre déconfinement". LOLLLLLLLLLLLLLLLL
Et le site de nous proposer page après page de produits censés nous "booster le moral"en ce temps de déconfinement ; avec en plus des injonctions à "partager un moment convivial avec ses proches" (dommage si t'es seul dans ta chambre en EHPAD), "se divertir et profiter des beaux jours" (dommage si t'es en soins intensifs avec le COVID) etc...
HONTE DE RIEN JE VOUS DIS, TOUT est bon pour faire du fric !!
Après, je veux me facher avec personne : je vous rassure, la grande-distri' n'est pas la seule à tenter de nous émouvoir pour déclencher l'achat.
💕💕 Chez l'Occitane, apparemment, ils sont TROP contents de nous revoir aussi, et on leur a TROP manqué ("De retour ensemble".. Attention, risque de vomi).
Au point où on en est, moi je verrais bien une campagne intitulée "parce que la Mort, c'est aussi la Vie ❤❤🎃🎉🔚" ou "comment honorer la mémoire de tes proches morts du Covid", avec un lien vers les pierres tombales, le champagne, les petits fours, et les couverts en plastique, pour "une veillée funèbre au TOP". Et puis éventuellement une promotion pour les Kleenex : "parce que même en période de deuil, c'est important de prendre soin de son nez : les mouchoirs à l'Aloé Véra, 20 boîtes pour le prix de 15"... So ?
Et quid de notre dépendance alimentaire vis à vis de ces géants ?
Au-delà de ces pratiques commerciales gerbantes, qui peuvent prêter à rire/pleurer, la problématique sous-jacente à cette ultra-domination du marché agro-alimentaire par les Hypers, c'est la question fondamentale de notre totale dépendance alimentaire vis à vis de ces entreprises. A y regarder de plus près, une mission d'intérêt-général (la bouffe) est assurée par des entreprises privées qui ne font pas ce qu'elles veulent (mais presque), et ne sont pas là pour s'assurer que tout le monde mange à sa faim.
Il faut rappeler quand même qu'en France, certains régions sont plus chanceuses que d'autres en termes d'indépendance alimentaire (c'est à dire de stocks locaux de bouffe avant d'avoir à aller en chercher ailleurs).
- Autant en Bretagne et Pays de Loire, des régions très agricoles, il ne faut pas aller trop loin pour avoir du mangé, autant à Paris et en Ile de France, l'indépendance alimentaire n'est que de 2 ou 3 jours maximum. Ce qui veut dire que si les livraisons sont déstabilisées pour une raison quelconque, ça devient compliqué très rapidement.
Une bonne nouvelle, qui démontre qu'au moins à notre échelle, il existe un réseau de distribution de produits de qualité en circuit court, qui plus est, plébiscité par la population.
On espère simplement que cet engouement perdurera au-delà du confinement, pour assurer une pérennité à ces entreprises.
Mais que faire à l'échelle nationale ?
Parce que soyons clair, en cas de bouleversements des circuits de distribution alimentaires nationaux, tout le monde ne pourra pas déménager en Bretagne assez vite pour manger des galettes-saucisses à foison!
![]() |
| Miam |
On pourrait envisager une production alimentaire mieux répartie géographiquement, et des circuits de distribution plus courts, ainsi qu'une moindre dépendance face aux opérateurs privés. Faut-il aller jusqu'à nationaliser l'Agriculture et la production de bouffe ? Ou au moins organiser une filière d'approvisionnement de base gérée par l'Etat ?
Le philosophe Dominique GOURD, et ses co-auteurs pensent à peu près ça : dans leur tribune "Propositions pour un retour sur Terre", ils envisagent comment assurer un approvisionnement alimentaire de tous en cas de crise. Au centre du dispositif, une agriculture repensée, relocalisée, utilisant moins d'énergie fossile et plus de main d’œuvre, le développement de circuits courts, le démantèlement des métropoles de plus de 300 000 habitants... Au prix certainement d'une réduction de l'Offre, mais qui a vraiment besoin de choisir entre 50 types de céréales différentes, ou de manger des avocats au mois de décembre ?
![]() |
| Démineurs, la mythique scène du supermarché |
Et un "Etat-résilience", dont l'objectif serait de "résister aux chocs, de permettre aux gens de continuer à vivre". En effet, les auteurs se placent dans un contexte où la crise sanitaire du Covid n'a représenté qu'un avertissement, face à l'avènement inéluctable de futures crises sanitaires, mais aussi énergétiques, alimentaires etc.. liées à l'état actuel de notre Planète.
Pour eux, le rôle de l'Etat sera de prévoir ces crises et les moyens d'assurer la survie de tous, même en planifiant des activités non-rentables.Un Etat "soucieux du bien-être public, et pas du bon fonctionnement du marché".




Commentaires
Enregistrer un commentaire