J'ai le blues du déconfinement...




"Est-ce que ce sera le début d'un nouveau monde ? J'en suis pas certain, à voir tout ce qui déjà repart comme avant. Mais nous aurons vu que tout peut s'arrêter. Que c'est déjà arrivé une fois. Et peut-être notre audace en sera-t-elle aiguisée ?" Sylvain PRUDHOMME, 2020, "Le dedans et le dehors", Le1hebdo, n°296, mercredi 13 mai.
Alors voilà, le confinement, moi, j'ai vraiment beaucoup aimé.

Déjà, le calme : pas de voitures, pas de passants, une ville propre, où je me suis tout le temps sentie en sécurité.
[Addendum du 16/05/2020 : et ça recommence...Ce soir, je suis à pied dans le centre, derrière un groupe de 4 ptit' nanas d'une vingtaine d'années ; passage d'une bagnole à fond la caisse, 2 mecs à l'intérieur, toutes fenêtres ouvertes, qui les klaxonnent et les sifflent. Les nanas sursautent, elles avaient du oublier ce que c'était d'être une gonzesse en ville de nos jours...Réflexion d'une d'entre-elle "- Merde, j'ai oublié ma bombe lacrymo". Sa pote :"- t'inquiète, j'ai la mienne". Et c'était pas pour rire... ]

Et puis le ralentissement, de tout : du temps, de l'économie, de la vie sociale. Quel pied !

Dans ma rue, les gens se sourient quand ils se croisent, voire ils se parlent !! [Euh donc, il se souriaient ; maintenant ils s'observent pour être sûrs que tout le monde porte bien son masque, et se décalent d'1 mètre pour ne pas passer sur le même trottoir.]

Alors oui, c'est certain, je l'ai vécu avec certains avantages : des voisins sympas, avec qui je pouvais taper la discut' de temps à autre.

Un (petit) jardin, ultra peaceful, où j'ai eu tout le loisir d'observer les oiseaux et les fleurs s'épanouirent.

Un temps de ouf.

Ma famille à deux pas, à qui j'ai pu rendre visite très régulièrement.

Pas de soucis financiers, pas d'enfants à occuper etc..

Donc oui, j'ai eu beaucoup de chance. J'ai pu me pencher sur des tonnes de choses que j'avais mises de côté : l'écriture, la lecture, la cuisine, le sport, rappeler de vieux potes avec qui je n'échangeais plus que des "joyeux anniversaires" par sms une fois l'an...

Mais quand même, depuis 2 jours , j'ai vraiment le blues. Pourquoi ? Parce que je ne crois pas UNE SECONDE, que les choses vont changer en mieux. Pourquoi changeraient-elles, alors que le monde n'attend qu'une chose : que tout redevienne comme avant ?

Qu'on réouvre les boutiques de fringues, les galeries commerciales, les bars, les restaux, que l'on puisse reprendre l'avion, racheter des bagnoles etc...

Et ça, ça, ça me fait vraiment mal.

Parce que le ralentissement du temps, c'était bien.

Parce que le calme, c'était divin.

Parce que voir la Nature reprendre de petits droits sur nos trottoirs où les fleurs ont germées du béton et dans nos rues, où ce sont principalement les animaux qui se baladaient, ça m'a fait rêver.


D'un monde plus lent, moins destructeur, plus paisible.

Un monde où on peut s'entendre réfléchir, expérimenter l'ennui, la pénurie, la solidarité au quotidien. 

Alors, si pour certains, "notre civilisation vient de recevoir un avertissement", et qu'il est impératif d'en tirer les conséquences en transformant en profondeur notre modèle socio-économique, pour d'autres, il semble que le mot d'ordre ce soit "business as usual".

Et pour finir, je laisserai la parole à Dominique Bourg, philosophe, qui s'exprimait la semaine dernière dans les colonnes du I. Lui qui prône le changement sociétal et la prise de conscience écologique, livrait ses craintes que la "crise" liée au Covid n'ait en réalité l'effet inverse, c'est à dire un ralentissement écologique, avec un chantage à l'emploi de la part des lobbies:

"C'est très probable. En France, c'est même déjà fait : on vient de donner 20 milliards d'euros, sans contrepartie écologique, à l'aviation et à l'industrie automobile - qui se permet de tricher sur les tests de pollution ! L'aviation, plus importante que le fait de pouvoir se nourrir et se soigner ? C'est du délire.[...]. Sans parler de la brochette de dirigeants actuels : Trump, Bolsonaro, Xi Jinping...Pour vendre leurs babioles, ils sont prêts à faire mourir des milliards de personnes sur Terre ! LEUR PLACE EST A L'ASILE, PAS DANS UN PALAIS PRESIDENTIEL."
 Tout est dit. Merci Domi !





Commentaires

  1. Coucou. Je tenais à commenter car autant je partage quasiment point sur point ton avis, et autant la suite me fait peur... Et autant je suis circonspect sur la réouverture des restaurants et des bars et des magasins, autant j'ai envie qu ils puissent pouvoir reouvrir dans cet après.
    Car on ne peut pas confiner éternellement, c est un doux rêve. Mais bien un rêve.
    Derrière ils y a des impératifs et bien de réalités économiques et sociales humaines. De millions de personnes dans leurs individualités à considerer. Des réalités qu il faut changer sur leur fonctionnement, j en conviens. Mais d'une manière ça ne viendra pas en 2 minutes et je ne me vois pas dire aux gens qui ont investis des années dans leur travail et qui ont demandé à leurs proches des sacrifices pour construire leurs enseignes de se faire une raison et de fermer boutique. Et pourtant c est déjà le cas pour certains. Et donc il y a déjà du chômage sec. Avec pour beaucoup des Bouches à nourir. Et pas un copec de côté pour une bonne majorité d entre eux. Ni personne pour les aider.

    Car la non re-ouverture de bons nombres d établissements et commerces c est toutes les semaines de plus en plus de chômage à la clé.

    Je pense que tu en as bien conscience et que là n était pas vraiment la question, mais cela a tout de même été cité et l un ne va pas sans l autre en parlant de cette fin et donc il faut en parler.

    Après oui, clairement c est anormal que ce calme ne soit pas la norme et il y a vie d'après sur la consommation, la production, les transports et surtout la conséquence globale : notre terre. Et d ailleurs les commerces en seront eux aussi les garants. On ne peut plus se voiler la face.

    Nos existences (ou celles de nos enfants) ne survivront pas à la reprise d'un monde de la fuite en avant. On ne peut pas voir cette crise comme juste un concours de circonstances fâcheux.

    Et je partage ce sentinement d apaisement tous les jours passés ces deux mois.

    Et ma famille me manque. Je ne verrais pas mes parents avant septembre dans le meilleur des cas, c est confirmé, et ma sœur pas avant Noël. Et je ne vis pas seul donc je fais partis des grands chanceux.

    Ah si, petit bémol à ça, chose horrible je suis célibataire donc je fais partis des prochains parias qui seront stigmatisés dans les prochains mois par les gens "biens" en couple et qui auront le droit du qu'en dira t'on et qui resteront chez eux en mélangeant leur salive car ils auront la légitimité qu'ils se seront donnés . Je parodie, et d'ailleurs heureusement ça sera plus complexe, mais il y aura clairement des problèmes à ce niveau là et j'espère qu'une partie déjà de l'humanité arrivera à ne pas se chercher de querelles autre là où il n'y a pas en avoir.

    Bref,

    On va en chier.
    Le confinement est clairement plus simple que le monde de l'après.

    Mais il est inévitable ce monde.

    Je t embrasse. Et tout le monde aussi.

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